LA VÉRITÉ

BAPTISTE AMANN / ODILE GROSSET-GRANGE

La Vérité (titre provisoire)

Création automne 2025

À partir de 10 ans 

Production : La Compagnie de Louise
Partenaires (par ordre de confirmations d’intérêts et soutiens) : Théâtre de Sartrouville – CDN des Yvelines ; Théâtre l’Éclat – SCIN Pont-Audemer ; l’Agora – Billère ; Les Tréteaux de France – CDN ; Le Théâtre d’Angoulême – SN ; La Comédie de Béthune – CDN ; Le Théâtre Ducourneau d’Agen ; en cours…

La Compagnie de Louise est soutenue pour son projet par La Ville de La Rochelle, Le Département de la Charente-Maritime, La Région Nouvelle-Aquitaine et le Ministère de la Culture – DRAC Nouvelle-Aquitaine site de Poitiers.

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Le projet

Cela fait bien longtemps que je m’interroge sur la vérité, et notamment sur le fait qu’elle semble parfois devenue une notion relative. Les réseaux-sociaux, le choix de nos moyens d’informations notamment, nous mettent en contact avec des gens qui sont le plus souvent d’accord avec nous ; des articles, des vidéos qui comportent nos centres d’intérêts, et des points de vue proches des nôtres… créant le sentiment que celui qui ne pense pas comme nous a forcément tort. Et participant de l’augmentation des fractures dans la société : entre les jeunes et les moins jeunes, entre les différentes catégories sociales, ou les gens aux divergences politiques.
Chacun pensant détenir la vérité.
Et les fractures ne cessent d’augmenter. Élections après élections, manifestations après manifestations, les fractures sociétales apparaissent de plus en plus flagrantes, les défiances visibles.

Comment faire société ?
Comment retrouver du vivre ensemble et de l’unité ?
Comment raconter une histoire qui poserait ces questions à hauteur d’enfants et en faire une intrigue passionnante ?

J’ai posé toutes ces questions à Baptiste Amann et il en est revenu avec une histoire pleine de suspens, et de nouvelles questions…

J’ai choisi d’adresser cette pièce à tous à partir de 10 ans, CM2. L’âge auquel les enfants sont confrontés à leur premier smartphone, mais aussi le début d’une grande autonomie en route, vers la sixième. Sans limite d’âge bien sûr, mais avec une attention particulière aux pré-adolescents et adolescents.

 

La pièce

3 tableaux de 20 minutes chacun, uniquement dialogués, nous donnent 3 perspectives différentes sur le même évènement, dans une dramaturgie rétroactive : 3 jours après l’événement (les professeurs), le lendemain de l’événement (les parents d’élèves) et le jour de l’événement (les enfants).

« Un acte malveillant et extrêmement grave a été commis à l’encontre d’une élève de sixième le jour même de la rentrée. L’enfant suspecté risque le conseil de discipline et l’exclusion définitive du collège.
La pièce démarre trois jours après l’incident et remonte le fil du temps jusqu’au moment des faits.
Au cours des trois actes de la pièce, mettant en scène tour-à-tour un trio de professeurs, un trio de parents d’élèves et un trio d’enfants, la vérité se recompose au gré des interprétations de chacun.es.

Mais que s’est-il passé réellement ? »

Baptiste Amann, septembre 2024

La mise en scène

La pièce de Baptiste est en cours d’écriture aussi tout ce que j’écris aujourd’hui est une vérité relative !

Baptiste Amann choisit une nouvelle fois de s’intéresser à ceux qui n’ont pas la parole où ne savent pas la prendre, à ceux qui n’arrivent plus à dire la vérité car ils sont allés trop loin, à ceux qui disent la vérité mais ne sont pas entendus.
Il sera question de grandes thématiques qui traversent les âges concernés par ce projet ; d’injustice, de rumeurs, de défiance.

Il a choisi volontairement de ne pas représenter la technologie sur scène. Et en tant que metteuse en scène je le remercie pour ce choix qui nous obligera à travailler les imaginaires et pourra éviter des maladresses. Nous nous interrogerons sur la façon de la représenter sans jamais l’avoir sur scène. Elle sera notamment présente à l’intérieur des dialogues. Dans la pression que peut représenter l’opinion publique qui gonfle par exemple, ou bien dans des détournements d’informations dont nous entendrons parler. Mais la pièce interrogera profondément la vérité et sa relativité, dans la multiplication des points de vue de ceux qui la regardent, ou la cherchent. Elle interrogera également jusqu’où un mensonge peut mener, et certains jeux qui, parfois, en allant trop loin, tournent mal.

La structure rétroactive de la pièce apportera beaucoup de suspens, un petit côté enquête policière que chaque spectateur et spectatrice aura à mener. Le fait que l’ensemble soit entièrement dialogué en phrases courtes en fera une pièce rythmée. L’auteur cherchera à se fondre dans une langue de la grande enfance dans la troisième scène, entre élèves, et ainsi faire exister la nature des personnages. Je sais aussi que Baptiste souhaite apporter de nombreuses touches d’humour à la pièce, ce qui est important pour moi.
Cet humour sera également révélé par la fluidité de passage d’une scène à l’autre : les comédiens, à vue, deviendront le personnage suivant, pas tous en même temps, créant en ça des espaces d’étrangeté et de connivences avec les spectateurs. Ils transformeront l’espace d’une salle des profs en appartement puis en réfectoire de cantine, avec les mêmes glissements.

Les comédiens auront donc volontairement des rôles très différents à jouer d’une scène sur l’autre. Ce qui permettra d’ouvrir les perspectives de chacun autrement qu’en fonction de critères physiques ou de genre. Je compte sur le talent des comédiens bien sûr pour exprimer ces changements et les rendre compréhensibles mais également ludiques et dans leurs glissements au plateau comme un clin d’œil aux spectateurs. Nous ne serons pas dans du théâtre récit, mais nous serons toujours en relation avec eux. Je compte également sur les talents de Séverine Thibault, la costumière du spectacle, pour faire de ces glissements-changements à vue des petites pépites.

Je retrouverai Erwan Tassel à la lumière avec qui je collabore depuis Jimmy et ses soeurs (2019) et qui sait s’adapter à toutes les situations, ainsi que la musique électrisante de Vincent Hulot, créateur sonore de Cartoon.

Concernant la scénographie j’ai demandé à Cerise Guyon, dont j’aime l’univers épuré et plein d’imagination, et avec qui je viens de viens de travailler à la création du Chat sur la Photo, de m’accompagner dans cette aventure. Cerise sait également parfaitement s’adapter aux difficultés du tous terrains.

Car l’idée est en effet de pouvoir aller à la rencontre de tous en salle équipée comme en lieu non-équipé, avec le même espace scénographique fort, exigeant.

Cela afin de rencontrer le plus d’enfants, de familles, d’adultes possible et d’échanger avec eux sur la Vérité, ce qu’elle est pour eux aujourd’hui, et ce que nous souhaiterions en faire tous ensemble dans l’avenir.

Odile Grosset-Grange le 4 octobre 2024

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TEXTE : BAPTISTE AMANN
MISE EN SCÈNE : ODILE GROSSET-GRANGE