Le Garçon à la valise a fait escale à l’Espace d’Albret
Né de la plume de Mike Kenny, Le Garçon à la valisea voyagé ce mardi sur les planches de l’Espace d’Albret. L’histoire rappelle un peu celle d’Un Sac de billes, de Joseph Joffo. Des enfants qui fuient la guerre, des enfants qui cherchent un monde meilleur mais toujours à travers le regard innocent de l’âge tendre. Interprété par le talentueux Pierre Lefebvre, Nafi nous attendrit par sa candeur et sa gentillesse.
Fuyant son pays, laissant à contrecœur ses parents derrière lui, Nafi tente tant bien que mal de rejoindre son frère à Londres. Sur la route, il rencontre Krysia, jouée par Odile Grosset-Grange pour cette représentation. C’est alors une longue épopée qui les attend. Gravir les montagnes, échapper aux loups, subir l’esclavage ou encore survivre à l’Océan… Séparés lors de leur navigation, ils se retrouvent finalement tous les deux à Londres, chacun frappés par la réalité de cette ville qu’ils s’imaginaient paradisiaque.
Une pièce pour les petits… et pour les grands
Le Garçon à la valisefait partie de ces œuvres aux multiples niveaux de lecture. Spectacle initialement adressés à un jeune public, les questionnements abordés et certains aspects de l’histoire parlent également aux plus grands. « C’est avant tout un spectacle pour tous. Et ce qui est bien avec les enfants, c’est qu’on peut aborder tous les sujets et ils n’ont pas du tout de condescendance. Après avoir vu le spectacle, soit ils aiment, soit ils n’aiment pas, mais ce n’est pas un public convaincu à l’avance », explique Odile Grosset-Grange, fondatrice de « La Compagnie de Louise ». Et Pierre Lefebvre d’ajouter « Avec Le Garçon à la valise, on a un sujet d’actualité. Les adultes vont voir les choses peut être plus en profondeur, avec empathie. Les enfants auront plus de mal à se dire que ça pourrait leur arriver ».
Le regard d’un enfant
La pièce de Mike Kenny aborde une thématique lourde, parfois prenante, qui tantôt évoque l’abandon et la mort, tantôt sous-entend le viol. Pourtant, dans la salle, les enfants rient souvent aux éclats « Mike Kenny a réussi à créer un spectacle autour d’un sujet difficile mais qui fait quand même rire. Les enfants sont souvent très réceptifs. Ce qui les fait le plus réagir en général, c’est quand Nafi se fait abandonner, ils ont du mal à comprendre que des parents laissent leur enfant ».
Et si Le Garçon à la valise traite d’un sujet polémique et politique à bien des égards, ce qui en ressort, c’est avant tout le profond humanisme avec lequel il est abordé. « Dans les médias, on nous montre des masses. Ce qui est beau dans cette pièce, c’est qu’on ramène tout à l’individu, à l’enfant. Et le but, ce n’est pas de porter un jugement ni d’apporter une solution face à cette situation, mais juste de rappeler l’aspect humain », conclue Odile. Et on peut affirmer que c’est avec brio que les trois comédiens ont insufflé cet aspect humain qu’ils chérissent.
Nadège El Ghomarl